En août dernier, nous avons eu la chance d’accueillir à YUX Dakar Selam Mebrahtu, une jeune étudiante en Master Design Innovation et Société à l’Université de Nîmes en France. Ce Master a pour objectif principal d’enseigner aux étudiants la méthodologie du design thinking appliquée à des projets d’innovations sociales, dans le respect des aspirations et des besoins de toutes les parties prenantes. Pendant un mois, Selam a donc travaillé en étroite collaboration avec toute l’équipe de YUX Dakar et ses partenaires pour réaliser une étude sur l’économie du partage au Sénégal avec un focus spécifique sur le financement participatif.
Qu’est-ce que l’économie de partage ?
Tout d’abord, définissons l’économie du partage : c’est un modèle qui s’inspire de l’économie de la fonctionnalité. Cette dernière qualifie le passage d’une économie de la propriété à une économie de l’usage, où les particuliers s’échangent et partagent les biens, les services, l’argent, le temps et les connaissances entre eux. Ce modèle économique propose différentes manière de consommer qui sont principalement destinés à créer de la solidarité et du lien social. La spécificité commune des services issus de l’économie du partage est de favoriser l’interaction entre particuliers en limitant les intermédiaires. L’expansion de ce type de service est facilitée par les innovations technologiques et notamment le développement des plateformes internet collaboratives, qui mettent les particuliers directement en relation.
Objectifs et méthodologie de l’étude
L’objectif de l’étude était de comprendre les spécificités culturelles et technologiques des Sénégalais afin d’identifier les éléments qui allaient leur permettre d’utiliser ou non des services issus de l’économie du partage. Cette étude sur les usages se voulait exclusivement qualitative (quelques interviews en profondeur), et sera complétée prochainement pour une partie quantitative en cours de réalisation.
L’étude est a été divisée en trois grandes phases : L’immersion et l’enquête —- la génération de solutions innovantes ou idéation —– et enfin la création de plusieurs concepts de services adaptés au Sénégal. Elle aurait pu être suivie d’une phase de prototypage et puis d’une phase de développement de solutions web ou mobiles mais nous avons pris le parti de nous arrêter aux concepts et de les partager avec les startups locales lors d’un événement et avec ce document de synthèse publié en ligne.
La phase d’immersion
Dans la première partie, l’objectif de Selam a été de s’immerger totalement dans la culture Sénégalaise afin de mieux cerner ses spécificités. Cette phase d’immersion nous a permis d’en déduire que le partage est omniprésent au Sénégal – il y’a un mot en Wolof : bokk qui signifie « à partager » ou « à avoir en commun ». Ce mot, comme le concept du partage, est employé très majoritairement dans un cercle fermé, comme par exemple les personnes d’une même ethnie, d’une même caste, d’une même famille, les voisins de quartier, les personnes pratiquant la même religion, les camarades de classe et les collègues de travail. Le bokk se manifeste par cette volonté de non seulement tout partager mais également de prendre soin de toutes les personnes qui font partie de ce ‘groupe’.
Pour compléter la recherche de la phase immersion, il a également fallu collecter le plus d’informations possible avec des sessions d’observations et d’interviews auprès de différents acteurs issus de secteurs divers et variés. Ces derniers nous ont éclairés sur les différents secteurs où persistent de réels besoins d’innovation en termes de proposition de service, par exemple l’éducation, le transport, la santé, les services à la personne, l’accès à l’internet, etc. Tous les secteurs évoqués par les interviewés auraient mérités d’être développés mais pour débuter nous avons choisi de centraliser notre recherche sur un seul secteur : le financement participatif.
Une fois le secteur choisi et la problématique définie, nous avons réalisé une deuxième enquête avec un échantillon de personnes sélectionnées par rapport à leurs domaines d’activité : artiste, président d’association de quartier, entrepreneur, femme transformatrice, etc. Des entretiens approfondis ont été réalisées avec eux afin de mieux comprendre leurs aspirations, leurs frustrations, leurs besoins de financement, leur capacité à utiliser les outils numériques, etc.
Ces entretiens nous ont permis de concevoir quatre Personas, c’est-à-dire des personnages fictifs synthétisant les informations récoltées. Ces personas sont un excellent outil de travail car ils permettent lors les phases suivantes de toujours garder en tête les personnes pour qui le designer conçoit des produits ou services.
La phase d’idéation
Une phase de génération de solutions innovantes a ensuite été amorcée via un atelier participatif impliquant les cibles précédemment définies et d’autres personnes concernées par la problématique du financement.
Lors de cet atelier les participants se sont servis des personas préalablement conçus afin de proposer des solutions précises et adaptées aux usages et besoins des acteurs directement concernés par la problématique du financement participatif. Cette méthode de recherche, qui est centrée sur les utilisateurs, ouvre le champ des possibles à travers une méthodologie créative donnant des réponses et/ou résultats faciles et rapides à mettre en œuvre.
La phase de conception
Les pistes de solutions que nous avons obtenues lors de l’atelier nous ont permis d’arriver à la dernière étape de l’étude : la phase de conception. Celle-ci s’est déroulée sous la forme d’un workshop en interne avec une équipe pluridisciplinaire afin de mutualiser les compétences et connaissances de chacun. De cette phase de travail sont ressortis 6 concepts de financement participatif qui ont été présenté au public lors d’un YUX Meetup afin de recueillir quelques feedbacks de la communauté technologique du pays.
Le contenu de cette première étude de YUX Dakar a été partagé gratuitement en ligne – vous pouvez le retrouver ici : http://www.slideshare.net/yuxdakar
Un grand merci à toi Selam pour ce superbe travail réalisé en 1 mois seulement. Reviens nous vite à Dakar !
6 thoughts on “Etude de UX Design sur l’économie du partage et le crowdfunding au Sénégal”